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Réception au silo Fini les files d'attente !

Entre des débits de chantier qui s'accroissent à la moisson et la construction de capacités de stockage qui ne suit pas, la réception des céréales reste un challenge pour les coops et négoces. Focus sur six initiatives de collecteurspour ne pas subir la moisson, mises en oeuvre chez eux et/ou à la ferme.

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La livraison au silo serait-elle vécue comme un moment de convivialité ? En tout cas, à en croire notre sondage ADquation-Agrodistribution, 93 % des livreurs seraient satisfaits de la rapidité de réception de leur récolte. 37 % se déclarent même très satisfaits... Des résultats plus que surprenants alors que, même si elles sont peut-être moins impressionnantes que par le passé, les files d'attente sont toujours une réalité au moment du pic de collecte. « Les livreurs se font-ils une raison ? Ou se satisfont-ils des améliorations qu'ont offertes les OS ces dernières années pour augmenter le débit en réception ? », tente d'analyser Patrick Bourrachot, responsable marketing chez Denis, spécialiste de la manutention des grains. « L'automatisation au sein même des silos a nettement amélioré les temps de circulation », constate Alexandre Samy, chargé de mission logistique à la FNA.

Professionnalisation et management des équipes, structuration des organisations, investissements techniques, « les efforts des collecteurs ces dernières années sont indéniables », assure Gautier Le Molgat, consultant chez Agritel. Ils ont en effet dû s'adapter. D'abord, aux 35 heures, qui ont conduit à des aménagements en interne et in fine à une certaine discipline des agriculteurs. Ensuite, aux débits de chantier des moissonneuses batteuses toujours plus rapides (30-40 t/h en moyenne). Dans les régions céréalières, ils ont dû s'équiper pour atteindre un débit moyen de réception de 100-150 t/h, jusqu'à 200 t/h sur de gros sites de report. Cela ne suffit pas forcément, mais « les collecteurs ont bien expliqué les contraintes qu'ils rencontraient et les agriculteurs se rendent compte de cette complexité ». Ce qui pourrait expliquer leur satisfaction...

Un plan silos mitigé

De son côté, le plan silos, démarré en mai 2011 pour une durée de cinq ans, porterait-il ses fruits ? Pas sûr, car il semble avoir du mal à tenir le rythme, même s'il est compliqué d'obtenir des chiffres à jour et exhaustifs. L'extrapolation d'une enquête de Coop de France Métiers du grain menée en 2013 conduit à un engagement des OS sur la période 2011-2016 de l'ordre de 3,6 Mt. « Même si on n'atteint pas les 5 Mt, on aura avancé, positive Laurent Dupont, chez Coop de France. Et ça a permis de lever des barrières réglementaires, techniques et relationnelles. » Mais investir dans une capacité de stockage, cela représente un coût : la construction et la main-d'oeuvre pour exploiter. Surtout qu'il y a des années avec des gros volumes, d'autres moins. Les OS sont alors en recherche de solutions temporaires, plus flexibles. En tout cas, il est clair que coops et négoces ont déployé des initiatives, afin de mieux absorber le pic de collecte ou de décaler la date d'arrivée des grains. Soit en investissant sur leurs propres sites (lire p. 34-35) ou en incitant les agriculteurs à stocker, temporairement ou plus longuement (p. 36-37). Ainsi, les OS prônent le stockage à la ferme, mais pour leur compte, moyennant une prime de stockage (environ 8 €/t) et une prime logistique (environ 4 €/t), liée à la capacité de l'agriculteur à charger un camion en moins de trente minutes. « Pour l'OS, ce système permet de réaliser des investissements ailleurs que sur du stockage, commente Arnaud Fleury, DG d'Agri Consult. D'autant que les coops en ont assez de voir des volumes s'échapper, car les agriculteurs stockeurs sont plus volatils en matière de commercialisation. » En clair, s'ils stockent, autant qu'ils stockent pour moi ! Tous ces aménagements, chez les OS ou les agriculteurs, visent à mieux fluidifier la réception. Mais ils n'empêcheront pas les files d'attente lors du pic de collecte.

Grosse collecte en perspective

Notamment en cas de grosse récolte, ce qui pourrait bien être le cas cette année. La sole de blé tendre continue de progresser, à 5,2 Mha selon Agreste (+ 3,3 % par rapport à 2014, + 4,6 % par rapport à la moyenne quinquennale), de même que les céréales à paille en général (+ 2,3 % par rapport à 2014), et les protéagineux (+ 7,1 %). Pour l'instant, les perspectives de rendement sont là. De quoi créer un afflux de marchandise vers les silos cet été. Mais quand il y a du plaisir, il n'y a pas de gêne...

DOSSIER COORDONNÉ PAR MARION COISNE ET RENAUD FOURREAUX

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